Et un trafic démantelé, un!

Comme d’habitude, je m’étais appliqué à ne pas faire comme habitude. J’avais, cette fois-ci, commencé ma journée à m’occuper des chats, en me levant tôt (oh mon dieu, je me suis levé tôt !) Bref, laver la pièce, le jardin, les chats eux-mêmes… Il faut bien s’en occuper ! Ça m’a pris toute la matinée ! Et même une partie de l’après-midi ! Quand j’ai eu fini, je n’avais pas envie de jouer appris, ni en ligne ni seul (oh mon dieu, je n’avais pas envie de jouer !) Bref, j’ai pris mon manteau et je suis sorti. Et pour le coup, j’ai fait ce que je fais en général quand je sors ; j’avale un bonbon red et je gète les infractions. Rien de très grave, jusqu’à ce que j’atteigne les rues plus vides et plus sombres, tout près du port. Là, en général, je trouve du grabuge. Plus ou moins grave là aussi. J’avais tendance à espérer ne rien trouver même si je venais pour ça.
À force de chercher, j’ai fini par trouver. Enfin, j’ai d’abord entendu. Des chuchotements, des bruits de pas essayant d’être discret (oui, parce que je sais le différencier des bruits de pas maintenant)… Je me suis approché, tout doucement. J’ai vu des hommes charger et décharger des caisses. Déjà, ça sentais mauvais.
J’ai pas vraiment hésité à appeler la police. J’ai l’habitude, eux aussi. Je sais que plus tôt je les appelle, mieux c’est, parce que sinon ça tourne mal pour moi. Chuchotant, j’ai donné le lieu exact et je leur ai dit que j’attendais.
En attendant justement, j’ai mis mon masque, celui que j’ai toujours sur moi, que je me suis fait faire sur la base de celui de Batman. En plus d’avoir trop la classe, je suis sûr que personne ne me reconnaisse, en tout cas personne parmi les méchants. Ceux-ci étaient trois, plus un gros baraqué qui surveillait l’autre côté de la rue. Les cartons ne semblaient pas très lourd, donc sûrement pas des armes. La nuit étais déjà tombée, il n’avait même pas attendu que la nuit soit bien avancé! Je sais que à cette heure, les gens n’aimaient pas traine ici mais quand même ! Des novices peut-être ? Remarque, c’est vrai qu’ils avaient l’air jeune.
En regardant mieux, j’ai aperçu un carton entrouvert. Trop facile ! J’ai enfilé mes gants (du magnifique même bleu que mon masque) et j’ai fait s’envoler délicatement un petit paquet vers moi. Ça sentait l’urédium de contrebande à plein nez ! Génial ! J’étais tombé sur une sacrée affaire !
Pile au moment où j’avais réussi à faire ne sorte que le paquet vienne à moi, j’ai senti un mouvement derrière moi. Eh merde, ils étaient 4… Pour une fois que j’avais pas fait de gaffes !

 C’est « action, réaction » qu’on dit c’est ça ? En tout cas, avant même d’avoir vu qui m’avait été envoyé, je savais de qui il s’agissait.
Classe, efficace, rapide surtout, ce ne pouvait être que ce cher Noah Howell ! (oui, parce qu’évidemment, je n’avais pas reconnu sa voix au téléphone, je suis nul pour ça). Grace à lui, et comme pratiquement à chaque fois que c’était lui qui répondait à mon appel, je m’en sortirais peut-être sans blessures.
Enfin, si les gens ont la gentillesse d’arrêter effectivement leurs activités. M’enfin un type avec un masque de super-héros et un flic armé d’une barre en fer… Evidement ils ont tout de suite sorti leurs flingues.
Toujours au sol, je me suis dirigé lentement vers Howell, en marchant à quatre pattes à reculons.
_ Dit moi, tu as une autre chose dans ta manche hein ? Parce que…
Et là, j’ai senti quelque chose me frôler la joue, comme un courant d’air.
_ Taisez-vous !
Un autre coup de feu et j’ai tout juste le temps de supprimer la gravité de la balle qui fut aussi tôt déviée de sa trajectoire vers le haut.
Je me suis alors dit que j’avais peut-être eu trop d’espoir. Mais après tout, les cicatrices plaisent aux femmes… Encore faut-il rester en vie. Bien sûr, je m’étais déjà retrouvé dans ce genre de situation, mais elles restaient assez rares tout de même. On ne trouve pas tous les jours un trafic d’uredium à la tombée de la nuit ! Et justement… Cette situation montre qu’ils n’étaient pas ni très organisés, ni très expérimentés. Il y avait peut-être un moyen de contourner leur vigilance, en tout cas de faire en sorte que nous nous en sortions sans trop de bobos… Des deux côtés…
J’ai donc raconté la première chose qui me passait par la tête.
_ Hey les mecs, j’vous conseille pas de continuer. Ce type n’est pas seul, il y a des tas de gens qui vont arriver et là, vous serez dans la merde, alors, entre nous, c’est mieux pour tout le monde qu'on arrête les hostilités non ?

 Arrêter les balles ? Aucun problème ! Enfin, je les déviais juste, mais il n’empêche que je lui permettais de toute façon de ne pas être touché. Par contre, il ne fallait pas trop que je me déconcentre de cette tâche, je ne pouvais donc pas me joindre à la bagarre. Je regardais chacun des trois hommes qu’il restait avec attention. Que faire pour lui être plus utile que juste quelques balles déviées ? Il était seul contre trois ! Attends, il était seul ? J’ai regardé très vite autour de moi, aucun autre policier. Allaient-ils arriver ou ne m’avaient-ils encore pas pris au sérieux ? Aucune importance, il me fallait réfléchir. Trois balles déviées plus tard, j’ai décidé de courir vers le meilleur tireur, lancer un truc lourd que j’avais trouvé à côté de moi sur le deuxième et espérer que le troisième se tournerait vers moi plutôt que vers Howell. En général, j’étais doué pour attirer l’attention vers moi.
Mon « truc lourd » a fait un bruit assez inquiétant quand il a touché sa cible. Quant à moi, j’ai tout juste eu le temps de dévier une balle avant que mon point atteigne la mâchoire du type que je visais. Mon attention s’est dirigée vers le troisième type qui, effectivement, c’était tourné vers moi pendant que je me prenais le revers de celui que j’avais attaqué. Un nouveau bruit inquiétant résonna, mais cette fois, il venait de mon corps. L’avantage, c’est qu’à force de me prendre des coups, je craignais moins la douleur… mais quand même ! Plié en deux, j’ai eu le droit tout de suite après à un coup sur la tête. Essayant de reprendre le dessus, j’ai enlacé mon adversaire pour le faire tomber à la renverse, mais même au-dessus de lui, je me prenais tous les coups, et en plus j’étais une cible facile, même pour un mauvais tireur…

Soudain, le type qui s’était foutu sur moi à crier très fort. J’en ai tout de suite profité pour le dégager et reprendre le dessus. J’ai jeté un coup d’œil vers le troisième type qui venait de tirer une balle vers Howell. Merde. J’ai tout juste eu le temps de dévier la balle qui eut le temps de lui couper la pointe d’une mèche de cheveux. Tout va bien.
_ Tout va bien !
J’ai crié en levant les poings en l’air. J’ai senti le type que j’avais attaqué bougé. Réagissant très vite, j’ai arraché la barre de métal qu’il avait dans l’épaule, puis, en utilisant le plat de la lame, je l’ai frappé à la tête. Ca à suffit pour l’assommer.
Quand j’ai levé la tête, j’ai vu qu’ Howell avait fini de son côté. Tout en l’écoutant, je me suis levé. Enfin j’ai tant bien que mal essayé de me lever. J’ai réussi hein ! Mais j’avais relativement mal au crâne. J’ai senti le sang couler de ma lèvre, mais rien de finalement très important. J’ai pris une pose puis… Eh mais attend !
_ Quoi ?! Ils m’ont encore pas cru ! Mais, mais, mais, mais… C’est pô juste ça ! Du coup, tu leur as dit que j’ai pas menti ? C’est pas comme si on se retrouve avec tous pleins de caisses de produits illégales et des types assommés à nos pieds !
J’ai soufflé.
_ Ok, désolé, j’suis légèrement en colère, c’est pas bien. Merci d’être venu mec ! Vraiment, merci !

Je commençais à avoir l’habitude, vraiment ! Je pouvais pas dire que ce n’était pas la première fois qu’on ne me croyait pas… Mais bon, c’était pas la première fois que la raison pour laquelle je les appelais était quand même sérieuse… Qu’importe, s'il y en avait au moins un qui me croyait (et qui me prenait sérieusement au sérieux), ça allait !
Avec ma manche, j’ai essuyé le sang que j’avais sur la bouche et ai craché ce que j’avais dedans. Beurk.
_ Non, tout va bien, tout va bien ! J’ai vu bien pire et ça aurait pu être bien pire !
Je me suis baladé un peu dans le champ de bataille en écoutant d’une oreille distraite l’Angel. J’ai tilté quand il parla de « rapport ».
_ T’est pas obligé mec, moi c’est pas la gloire qui m’botte, ni même la reconnaissance en vrai ! J’ai déjà la reconnaissance d’être le meilleur gameur de la ville au moins !
J’ai montré mes muscles tel un bodybuilgeek que je suis.
_ Pas mal hein ?
Je me suis penché pour fouiller dans mon sac. J’y ai récupéré de la corde que j’avais toujours avec moi. Des fois je m’en servais pour impressionner les filles, histoire de dire « hey, je suis un charmeur de serpents ! »
J’ai attaché les mains de presque tous les méchants messieurs avant de répondre à la dernière phrase d’Howell.
_ Hey, je sais que ça vient des comics ! Après tout, c’est de ça que j’m’inspire ! Je soupçonne même mon redio d’à terme, me permettre de voler ! Tu imagines : super GG, le nouveau super héros sauveur de San Diego !!!
J’ai ri. Ok, je me contredisais à a peu près 3 minutes d’écarts mais tant pis ! Je me voyais grave galérer pour avancer en essayant de nager dans le ciel pour avancer vers les méchants !

J’étais vachement touché par l’attention que pouvait me porter Howell. Évidemment, j’le disais pas trop mais c’était gentil. Pour moi ce type était un héros, un de ces personnage de série policière ultra sérieux qui ne vit que pour son boulot et le fait très bien. Pas vraiment un modèle sur lequel me baser, mais une sorte d’icône indétrônable… J’en fais trop non ?
Bah, c’est qu’la vérité après tout.
Je regardais l’homme se diriger vers les policiers venant d’arriver. Du coin de l’œil, je les voyais assez contrariés par le fait qu’ils s’étaient trompé. Eh ouais les mecs, quand super GG est dans la place, c’est du sérieux ! Qu’ils osent me dire que la mamie qui se fait voler son sac c’est pas du sérieux !
Bref, moi, je me suis retourné vers les « méchants ». On avait légèrement mis en déroute leur plant « parfait ». Je vais rajouter 3 guillemets de plus à parfait : « « « Parfait » » ». Voilà.
Je savais pas vraiment quoi faire en attendant. J’ai croisé les bras, je les ai décroisés, je les ai recroisés… Bon bah j’ai fini par m’approcher hein ! J’avais un grand sourire un peu ironique qui disait « hey ! Alors c’est qui qui avait raison ? C’est bibi ! ».
_ Bon alors, et si on s’activait avant que ces braves gars ne décident de prendre la poudre d’escampette ? Enfin, on, c’est peut-être plutôt vous qui…
J’ai croisé des regards mécontents…
_ Qui allez-vous débrouiller très bien sans moi pendant que je vais sagement rentrer chez moi…
Mon sourire avait, oh, comme c’est bizarre, changé d’ironique à « non non j’ai rien fait, soyez gentils je rigolais »
Et puis, le plus mécontent de tous a fini par m’indiquer « gentiment » de sa « douce » grosse voix :
_ Tu étais sur place lors d’in démantèlement, qui sait si tu n’en faisais pas parti ?
Puis, avec en beau sourire de « je t’aime pas espèce de petit con prétentieux », a ouvert la porte en m’indiquant l’intérieur.
Lieutenant Greenvald, super… Super dans la merde…

J’avais pas l’intention de provoquer qui que se soit moi! Et pis si j’avais pas été là, ils auraient encore un trafic sur les bras à cette heure si ! Enfin si les bras, façon de dire… Le plus proche serait sûrement « sous le nez », parce que c’est maintenant qu’ils sont sur leurs bras. Mais je m’égare.
J’ai pas vraiment dit tout ce que je pensais à Monsieur Howell parce que, malgré tout le bien que je pouvais penser de lui, il faut bien avoir qu’il pouvait faire flipper, un peu, genre dès fois. Pas à moi hein ! C’est un copain qui… bref.
_ Oui chef, ma langue a parlé plus vite que moi. Mais dès fois il y a des gens qui m’aiment bien ! Enfin je crois… Bah, tien, il y a Serena ! Vous la connaissez peut-être c’est une pote ! Elle, elle m’aime bien !
Puis j’ai cherché une voiture qui pourrait éventuellement être celle d’Howell.
_ J’veux bien vous suivre chef ! Mais elle est où v’ot tuture ? Heu pardon, voiture ? A moins qu’il y ai des papiers sur place ! Moi ça me dérangerais pas ! J’suis sûre qu’il y a des gens qui peuvent avoir besoin d’aide ailleurs dans la ville ! Plus vite tout ça fait, plus vite je serais de nouveau sur le terrain ! Pis j’avoue que j’commence à savoir m’y prendre avec la paperasse policière, depuis l’temps !
Tout le matériel et les « méchants » avaient déjà étés, pour une bonne partie, débarrassée. En observant la scène, j’ai commencé à parler tout seul dans un murmure.
_ Quoique… il commence à être tard… Il fait nuit et j’ai déjà fait un gros coup pour ce soir. Les patrouilles seront sûrement plus attentives après ça donc je serais p’être pas d’une grande utilité… Pis tien j’ai envie de jouer a Overwatch se soir, j’crois qu’j’ais un pote français qui se connecte aujourd’hui, je crois que c’est le jour où il est libre toute la nuit je pourrais…

Il me demandais de me taire je crois… Mouais c’est ça… Oups…
_ Désolé chef si je vous saoul… J’parlais juste de ce qu’on vient de faire, le gros coup, c’est ça ! Ca va surement vous faire pas mal de pub tout sa et… ok je me tais.
J’ai fait le signe de fermer ma bouche en plaçant mes doigts en crois sur ma bouche et j’ai tourné ma tête vers la fenêtre. Les rues défilaient, je les connaissais tous par cœur. Ou presque disons. Mais pas mal en tout cas. Au bout d’un moment, j’ai eu très envie de bouger, de chanter ou de parler, de faire quelque chose. Bon ok, c’est vrai que quand je joue (sur console ou sur PC), je pouvais rester sans trop bouger pendant un moment, mais je finissais toujours par raconter des histoires à moi-même ou même parler aux gens avec qui je joue ! Bref, j’aime pas rien faire.
_ Y’a moyen de mettre de la musique, ou quelque chose comme ça ?
J’ai attendu la réponse en réfléchissant. Au fil de mes pensées, j’en suis venue à me dire que j’avais jusqu’ici passé mon temps entre tutoiement et vouvoiement. Bon bah voilà comment refaire partir la conversation sans que ce soit moi qui parle le plus !
_ Et, au fait, dit-moi : vous préférez que je vous tutoie ou je te vouvoie ?