Ce jour-là, pour Pete, c’était une de ces journées extraordinaires. Dernièrement, elles avaient été rares, surtout depuis la disparition de l’homme qui était pour lui l’amour de sa vie. Le seul et unique. Mais à croire que tout le monde avançait dans la vie, même le plus amoureux des Amishs. Bon, ce matin-là, il ne s’en était pas spécialement aperçu, de ce changement, se sentant juste patraque, mais dans le bon sens. Avec cette petite boule agréable dans l’estomac qui lui prodiguait un bien fou et un sourire niais sans réellement savoir pourquoi. Et il eut beau la chercher, il ne trouva pas sa réponse chez lui.

A peine fut-il sorti de chez lui que Pete fut pris d’une envie de promenade dans les rues bondées de couples et d’amour, avant d’aller à son travail. Il trouvait ça beau, cette petite journée des amoureux même s’il se moquait de ne pas l’avoir connu avant, trop amoureux de son amant pour ne pouvoir y dédier qu’une journée. La veille donc, il s’était dit que cette coutume ne lui ferait rien, qu’il aurait encore cet habituel pincement au cœur face à une nouvelle journée seul. Mais non. Une journée extraordinaire vous dis-je, loin des autres, lui faisant prendre son temps dans la Little Italy, le cœur bondissant comme si…

Gloups. Une dose d’adrénaline traversa son cœur quand ses yeux reconnurent une silhouette qui lui fut inconnu il y a tout juste quelques jours. Et là, il sût. D’où lui venait ces rebonds joyeux dans sa poitrine, son sourire -encore plus niais qu’à l’habitude-, son envie de chantonner à tue-tête cette chanson de Disney racontant l’idylle entre deux lions en chaleur. D’ailleurs, il eut l’impression qu’elle passait dans la rue à travers les hauts-parleurs tandis qu’une brise venait le décoiffer, faisant tomber cette habituelle mèche sur son front. Le Docteur Lup…

« Oups, pardon, j’suis désolé ! » s’exprima-t-il à cet inconnu dans lequel il avait foncé dedans, avec l’absence de son habituelle gêne lorsqu’il rentrait -trop souvent- dans les gens, perdu dans ses pensées. Il lui offrit un sourire avec ses paroles et passa vite à autre chose, voulant retrouver la réponse à tout. Celle qui justifiait l’absence de ce pincement au cœur. Celle qui, en plus, y avait passé du baume, par sa seule existence, par le seul croisement de leur regard. Ceci fait, il hésita quelques secondes, avant de se diriger vers son psychologue, attablée à un café extérieur.

« Quelle surprise de vous voir ici Mademoiselle Lupin ! Comment allez-vous en cette splendide matinée ? »

Il restait là, debout, se dandinant sur place comme un adolescent pris en flagrant délit devant celle qui semblait lui faire oublier… Comment il s’appelait déjà ? Ah, oui, Tony. Anya. Quel superbe prénom.