Sujet: Laisse-moi te rendre exceptionnelle. ▬ ft. Idille 28.01.18 12:43
L’enveloppe qu’elle tient est bien garnie. Quelques billets, le prix d’une vie visiblement. Ou, plutôt, le prix de la fin d’une vie. C’est face à un chef de gang qu’elle se tient, bien droite dans son tailleur, impeccablement maquillée et coiffée. Elle fait plus penser, à cet instant, à une avocate qu’à une présidente de cartel. L’enveloppe passe de sa main à celle de l’homme, appuyée d’un échange cordial entre les deux. Encore une fois, la gamine qu’il a mit à sa disposition a fait un travail remarquable. Indiscutable. Le service vaut largement la somme qui se trouve désormais entre les mains du président de gang, et Helena n’a aucun regret à lui offrir cet argent. « Notre partenariat m’est précieux. » précise-t-elle. Il est plutôt simple ; elle lui fournit ce dont il a besoin en termes de filles, ou tout du moins de quoi lui permettre d'avoir une certaine activité tout en ayant toujours des besoins et elle paie quelques surplus. En contrepartie, il paie la location des prostitués, lui fournit de la protection et des services améliorés. Comme la location d’une tueuse à gage. Une enfant, aux yeux d’Helena. Mais une enfant qui fait correctement son travail, et à qui elle n’a jamais rien eu à reprocher. « Est-ce que je pourrais m’entretenir avec Idille ? »
L’homme fronce légèrement les sourcils. « Laissez-moi rendre notre partenariat plus… profitable à l’un, comme à l’autre. Je vous communiquerais tous les détails. Je ne vous doublerais pas, je n’ai aucun intérêt à le faire, et nous le savons tous les deux. » Non, Helena ne veut pas le doubler. Elle veut faire une offre, qu’elle espère avoir rendue assez attractive pour ne pas être refusée. Le président qui se trouve face à elle hésite, longuement, sans qu’Helena n’intervienne d’aucune façon dans cette réflexion. Elle se doute qu’il sait ce qu’elle va proposer à Idille. Et avant d’avoir accès à la jeune fille, c’est lui qu’il faut convaincre le premier. « Voulez-vous savoir ? » Il acquiesce, la fait asseoir à son bureau. Helena sort quelques papiers, un accord mis par écrit. « Je veux Idille dans le cartel. C’est abrupte, je m’en excuse, mais il ne sert à rien de tourner autour du pot. Elle a des capacités que je pourrais rendre bien plus exceptionnelles. Naturellement, il y aurait une contrepartie. Dix filles de plus, gratuitement, pour vous. Mises à disposition dès la semaine prochaine, sur mon territoire. Et, naturellement, la location des services d’Idille gratuitement pour vous, et votre gang, ainsi que 5% des bénéfices faits grâce à elle. Elle ne sera jamais bien loin de vous. » Le président reste interdit. Mais il fini par lui dire que ce sera elle qu’il faudra convaincre, maintenant. L’offre est honnête, il le sait. Mais il est certain qu’il compte sur la loyauté d’Idille pour ne pas perdre sa principale force de frappe.
Finalement, on fait attendre Helena quelques minutes, qu’elle mets à profit pour allumer une cigarette et s’installer plus confortablement. Lorsque le visage d’ange du démon infantile passe la porte, Helena lui adresse un sourire presque attendri. « Une cigarette ? » propose-t-elle, tout en posant le paquet ouvert sur le bureau. « Je m’appelle Helena. Je sais qui tu es, je sais ce que tu fais, et j’en suis… admirative, disons. J’ai parlé avec ton patron. Il est au courant de cette entrevue, il nous prête même le bureau. Veux-tu entendre ce que j’ai à te dire ? » Helena tire quelques taffes sur sa cigarette, tout en préparant les papiers qu’elle pose méticuleusement sur le bureau. « C’est une proposition, pas une injonction, naturellement. Ce qui signifie que je te demande simplement de m’écouter, de réfléchir, et de me donner une réponse qui te conviendrait à toi. Dis-moi lorsque tu seras prête à entendre mon offre. » Helena a le sentiment qu’elle n’a pas le droit de faire le moindre faux pas face à Idille. Cette gamine dégage indéniablement quelque chose, et la proxénète en serait presque impressionnée.
La mission fut on ne peut plus facile. J’ai récupéré ce qu’il fallait récupérer, j’ai descendu ce qu’il fallait descendre. Mon redio m’a fait sentir plus que jamais la peur qui émanait de la cible. Une peur bleue, glaciale, comme un nuage de fumée qui entourait cet être qui savait que son heure été venue. Une des plus grosses frayeurs que j’ai vue chez une cible. Souvent, il y avait de l’incompréhension, ils n’avaient pas le temps de comprendre. Beaucoup éprouvaient de la colère et de puissant sentiment d’injustice. Quand certains avaient le temps de me voir, ils trouvaient ça drôle, comme une mauvaise blague. Et ensuite il y avait plus rien. La brume des sentiments s’évaporait comme après avoir soufflé sur des bougies. Je savais que cette fois, je n’avais pas agi pour le patron, mais pour une autre. Helena Maggelan. C'était une femme puissante avec qui le patron faisait des affaires, une sorte de partenariat, mais je m'en intéressais pas le moins du monde. Il me donna rendez-vous au QG où j’empruntais un chemin inutilisé pour passer inaperçue; personne ne devait pouvoir me reconnaître. Avec ma capuche sur la tête, escaladant, déplaçant des plaques de tôle, je me glissais doucement jusqu'à son bureau dont j'avais la clef. Il m'attendait. _ J’ai failli attendre. _ Je suis là maintenant. Je lui tendis l’enveloppe. Elle était énorme et usée. Je l’avais trouvé précisément où on m’avait indiqué, sous une latte de parquet, avec quelques photos. Le patron récupéra l’objet et l’observa un temps, puis hocha la tête et la mit dans sa veste intérieur. Il finit par poser son regard sur moi. _ Tu m’attends ici, j’ai à te parler après. Alors je me suis assise et j’ai attendu. Il revint quelques heures plus tard. Je n’avais pas bougée. Assise en tailleur sur le vieux canapé de son bureau. Il avait l’air préoccupé, mais on ne pose pas de question au patron, jamais. Il s’assit à son bureau et me regarda durement. _ Elle veut te voir. _ Pourquoi ? _ Humpf, tu verras. Il me fit signe de mettre ma capuche et fit venir un de ces larbins. Je me levais pour le suivre quand il m’interpela. _ Hep, te fait pas manipuler. Il me jeta un bonbon red que j’attrapais au vol. Je fis un signe affirmatif avant d’avaler le bonbon. Ma vue se troubla un peu avant de revenir normale. Yvan Potchcov marchait devant moi. Il était sûrement nouveau. Chose intéressante, son redio était un redio GPS. Pratique. Un mélange de peur et de colère émanait de lui, formant la même couleur affreuse que je voyais sans cesse chez les petites mains du patron. Il me mena dans une pièce où Helena Maggelan m’attendait. Chez elle, les nuances de sentiments étaient plus complexes. Calme, curiosité et… attendrissement ? Yvan Potchcov, après m’avoir conduit, ferma la porte et disparut. Je retirais la capuche qui me cachait le visage. Le patron lui faisait confiance, je pouvais me montrer à visage découvert devant elle, de toute façon, j’avais déjà plusieurs fois travaillé pour elle. Impassible, j’observais la femme devant moi. Elle était belle. Sa posture révélait quelqu’un de droit et son sourire faisait presque maternel. Rares étaient les femmes que je rencontrais par le biais de mon patron, même en tant que cible. Debout, droite, le visage fixe, j’attendais qu’elle parle. Elle commença par proposer une cigarette que je refusais par un simple « non ». Puis elle commença la conversation comme si elle cherchait à m’adoucir, me convaincre sans même avoir énoncé son but. _ Je sais que le patron est au courant, c’est lui qui m’envoie. Après une petite pose, je continuais simplement. _ Je vous écoute.
Laisse-moi te rendre exceptionnelle
Voilà! Dit moi si ça te vas
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Sujet: Re: Laisse-moi te rendre exceptionnelle. ▬ ft. Idille 29.01.18 15:16
Elle paraît jeune. Tellement jeune. Mais Helena ne s’y trompe pas ; si elle est attendrie par le visage poupin de la tueuse à gage, elle connaît néanmoins sa réputation. Elle n’est plus une enfant. Idille a probablement perdu son innocence depuis bien longtemps. Refermant et rangeant le paquet de cigarettes au refus de la jeune fille, Helena poursuit simplement. Elle n’a pas envie de brusquer les choses, ni de brusquer la demoiselle qui se tient à visage découvert devant elle. Son associé doit vraiment avoir confiance en elle pour la laisser seule avec l’un de ses meilleurs éléments ; Helena ne peut qu’en être satisfaite. C’est un partenariat important, qui dure, et il est préférable qu’il soit basé sur une certaine confiance. Elle tire tranquillement sur sa cigarette, intervalle régulière de fumée qui s’échappe d’entre ses lèvres, ponctuant ses mots. Elle acquiesce vaguement lorsqu’Idille assure qu’elle écoute, tout en sortant une pochette remplie de documents qu’elle fait glisser en direction de la jeune fille. « Tu as l’habitude des contrats. Je te laisse prendre connaissance de celui-ci. » La présidente de cartel fini par écraser son mégot, pour allumer une deuxième cigarette dans la foulée. Tabagisme compulsif, elle sait que c’est probablement ce qui finira par la tuer.
Le contrat est un résumé de ce qu’Helena a déjà dit au patron d’Idille ; intégration de la jeune femme au cartel, découpe du pourcentage de profit ; 5% pour le patron d’Idille, 50% pour Idille et 45% pour Helena, principe de confidentialité, accord de partenariat entre le cartel et le gang pour les services de la jeune femme avec priorisation du cartel, définition des missions avec précision sur le fait que les cibles seront plus importantes et plus dangereuses et la mission d’assurer la protection personnelle d’Helena. La blonde laisse le temps à Idille de tout lire, de prendre connaissance de tout ce qui se trouve sous ses yeux. Il n’y a pas de pièges, et Helena ne se permettrait pas d’en mettre. Pas alors que cette opération pourrait fragiliser ses liens avec l’un de ses principaux partenaires au moindre faux pas. « Tu auras compris que je souhaiterais que tu travailles pour moi, directement. Toi, tu en retirerais plus de profits, car les contrats seraient plus importants. Je ne sais pas le pourcentage que tu touches sur tes contrats actuellement, mais nous pouvons négocier le pourcentage indiqué ici. Je peux descendre jusqu’à 25% pour moi, et monter jusqu’à 70% pour toi, les 5% pour ton patron ne bougeront pas, j'y tiens. » Helena est toujours parfaitement calme. Pourtant, elle est loin d’être confiante.
« Le partenariat que j’entretiens avec ton patron m’est particulièrement précieux. Je ne tiens pas à vous cacher quoi que ce soit, ni à l'un, ni à l'autre. Il y aura de la perte pour ton patron, au départ, vite amorti cependant. Tu aurais entre trois et cinq contrats à la semaine, et ça demandera que tu doives régulièrement te déplacer au-delà de la Californie. C’est l’assurance d’un revenu régulier, pour nous trois, ton patron compris. Il aurait d’ailleurs une compensation, que je prendrais en charge. Les missions pour le cartel prévaudront sur les missions pour le gang, mais ton patron pourra faire appel à tes services gratuitement, et sans condition. » Helena prend une pause, tire quelques bouffées de la cigarette, et étudie Idille du regard. « Tu serai plus autonome. Certains contrats ne sont pas prioritaires, et tu les recevras à l’avance pour avoir le temps de les étudier et de te renseigner. Tu pourras choisir l’ordre de tes missions, et dans la limite du raisonnable, le temps dont tu auras besoin pour les accomplir. En ce qui concerne la clause de protection, il sera de ta responsabilité de te tenir au courant de ce qui pourrait me nuire, de m’en faire des comptes-rendus réguliers et d’agir en conséquence. Ma protection prévaut sur les missions du cartel et les missions du gang, c’est important de le préciser. » Elle écrase son mégot. Elle ne sent pas très à l’aise avec le fait d’être aussi réglo dans ses accords. Elle n’essaie pas de manipuler. Elle n’essaie pas d’enjoliver les choses. Si Idille doit travailler pour elle, Helena veut que ce soit sur des bases saines, avec des conditions claires.
« As-tu quelque chose à ajouter ? Que ce soit des conditions à ajouter, des précisions à demander… » Helena marque une brève pause, avant de reprendre en retenant un soupire « … ou un refus à me notifier. Tu es libre de cette décision, il n’y aura aucune conséquence pour le gang. Ton patron m’a dit que la plus difficile à convaincre serait toi, bien qu’il semble compter sur ton refus. » Tant qu’à être honnête, autant l’être jusqu’au bout. Après tout, Helena ignore jusqu’à où la loyauté d’Idille peut aller.
Helena Maggelan tirait sur sa cigarette et fumait comme une locomotive au départ. Je n’aimais pas les cigarettes, je n’aimais pas la manière dont elles tuaient à petit feu, et j’avais trop tué pour vouloir mourir aussi simplement. La fumée se mêlait doucement à la brume colorée des sentiments que mon redio me permettait d’apercevoir. Elle était confiante, voyons quelle en était la raison. Muette, j’ai préféré ne rien dire quant à sa première affirmation. Non, je n’avais pas l’habitude des contrats, mais qu’importe, je pouvais quand même lire celui-ci. La curiosité, c’était mon principal intérêt à ce stade. Je pris donc le document et le balayais du regard. Il parlait de pourcentages, de partenariat, de confidentialité et autres banalités que l’on peut retrouver dans un contrat. Je devais bien avouer que malgré ma curiosité soulagée, j’étais plutôt déçue mais surtout… Perplexe. Pourquoi, si le patron savait la teneur de la proposition, pourquoi avait-il accepté que je voie Helena Maggelan seule. Me connaissait-il si bien ? Il faut croire que oui… J’ai reposé le papier devant moi, sur la petite table qui séparait nos deux corps. Et, toujours sans rien dire, j’ai écouté Helena Maggelan. Se doutait-elle seulement que ça proposition pouvait être refusée ? Elle parlait lentement, calmement, elle semblait sûre d’elle. Mais elle ne l’était pas réellement. Visiblement, cette entrevue accordée avait pu faire passer un peu de doute en elle. Le patron savait manipuler les gens. La plupart de ces collaborateurs, petites mains ou non, avaient déjà plus ou moins été manipulés, mais je savais qu’il ne le faisait pas avec moi, même s'il m’interdisait d’user de mon redio avec lui, c’était impossible, je lui faisais confidence. Alors j’ai continué à écouter sans rien dire, le visage impassible et les bras le long du corps, en attendant qu’Helena Maggelan finisse son monologue pour me convaincre, toujours entourée du mélange de la fumée de sa cigarette et des brumes de sentiments, dansant sous la faible lumière de la pièce. Et puis, lorsqu’elle eut fini, ce fut à mon tour d’ouvrir la bouche. _ C’est non. Mes bras vinrent se joindre contre mon torse. _ Que mon patron compte sur ce refus ou non, je ne le laisserais pas, je lui dois trop. Là, juste quelques mots en trop. Ma langue était allée plus vite que je ne l’aurais voulu. Il n’y avait pas de raison pour qu’elle sache quel était ma relation avec le patron. En quelque secondes, j’ai essayé de faire passer ma réaction de surprise à ce que je venais de dire pour une simple main dans les cheveux avant de relacer mes bras devant ma poitrine. _ Il faut que vous compreniez bien qu’ici, j’ai déjà tout ce que je veux, des ressources illimitées. Pas la peine, bien sûre, de rajouter que j’en usais que très peu, que j’aimais à rester simple. _ Ici, j’ai toute la liberté dont j’ai besoin, ici, je n’ai pas à partir trop loin, mais surtout, ici, je n’ai pas à me charger de contrats papier inutiles et surtout dangereux pour ma sécurité et mon anonymat. Je me suis rendu compte, une fois de plus trop tard, que je n’avais pas fait preuve de beaucoup de sagesse dans mon discours, et je savais que le partenariat entre le patron et cette femme étaient important mais pas sans faiblesses. Le patron, plus que tout, comptait sûrement sur un certain tact de ma part. _ Bien sûr, je continuerais à travailler pour vous, mais ce que vous me proposez ne m’intéresse pas. Je resserrais ma propre étreinte. Je le savais, les derniers mois, j’avais changé. Je parlais trop et m’en rendais compte trop tard, je sortais de la routine et le plus grave, il m’arrivait d’agir sans réfléchir. Je devenais imprudente, mais je ne devais en aucun cas le montrer à qui que ce soit dans ce milieu-ci, surtout pas à une partenaire du patron.
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