W'OUPS ?

Stalker : Surveiller la vie de quelqu’un sur internet. On l’accorde aux verbes guetter, traquer, chasser, mais aussi épier ou harceler.

Pete ne comprenait pas. En quoi ce qu’il faisait c’était stalker ? Non, il profitait juste des dons d’une personne en secret, sans la déranger plus que ça, sans faire quoi que ce soit de mal. Et pourquoi avoir employé ce terme alors qu’il l’épiait dans la vraie vie ? Ça n’était pas sur internet ? L’amish grogna en s’ébouriffant avec habitude sa crète, jamais réellement coiffée plus de 10minutes après son coup de peigne matinal. Il resta encore quelques temps sur son écran avant de fermer la page wikipédia et de retourner sur youtube, meilleur site au monde à ses yeux. Mais il eut beau passer les meilleurs morceaux à ses yeux -ou a ses oreilles du moins-, placés soigneusement dans ses favoris, rien n’y faisait : seul le véritable son provenant d’un instrument dans la vie réelle, sans passer par une quelconque caméra ou barre de son pouvait le faire frémir dans ses moments les plus tristes. Et là, ç’en était clairement un. Quelques secondes plus tard, il éteignit son ordinateur sans son habituelle douceur. Il avait tenté de s’en dissuader, de se persuader que ce qu’il faisait, était mal. Que stalker était mal, comme l’avait si bien dit l’un des barmans à qui il racontait ses escapades dans cette drôle d’école. Mais ça n’avait ni queue ni tête pour lui. Lui-même s’adonnait a des soirées piano dans différents bars, il adorait être écouté, même s’il savait que se délecter d’avoir tant d’oreilles était mal. Bref, ça n’était pas le sujet, mais avec cette manière de penser, il n’y avait aucun souci pour lui à continuer ce qu’il faisait depuis quelques semaines déjà.

C’est donc en manque de sons mélodieux qu’il enfila sa veste pour dévaler les escaliers de son appartement et traverser la fille. Il avait la chance d’être de repos un jour ou le vieillard offrait de son talent à des élèves ayant certainement payés pour être inscrit à cette école. Cette chance. Bien sûr, Pete aurait pu certainement se payer ces frais, mais il n’avait aucun diplôme. Une belle barrière qui ne pouvait que le maintenir en arrière-plan, à son grand malheur. Alors il trichait. Il s’excusait chaque fois et tous les soirs, pour chacun de ses péchés, ceux du passé et ceux de son futur. La vie civilisée n’était qu’un lieu de péchés, un lieu contrôlé par le vilain. Tant de fois, il avait voulu retourner dans son village pour s’éloigner de toute la tentation qui tâchait son âme. Il se sentait noir. Sombre. Et seule la musique semblait l’aider à oublier tout ça.

Comme à chaque fois, il croisa cette fille, commençant à 14heures et attendit qu’elle se présente au concierge afin qu’il ouvre le portail. Il fila en douce comme à son habitude vers la première porte du batiment venu et monta toujours ce même second escalier. Il attendit encore quelques secondes, avant que le bureau de la vie scolaire ne se ferme. Un véritable planning, à la minute prêt quasiment. Profitant du champ libre, Pete finit par traverser le couloir et se placer sur la première marche de l’escalier, dont les marches se situaient tout de suite après une porte, comme toujours ouverte. Ou Pete avait pu apercevoir l’apaiseur de son cœur et son instrument magique. Soupirant après cette journée mouvementée, il profitait des notes qui s’échappaient de la salle et de chacune des paroles de l’homme, dont il buvait chaque syllabe, tempe collée contre le mur de la cage d’escaliers.